SECURITE | Léon Charles à sa première leçon : de mauvaises notes
En pleine crise d’insécurité où les actes de kidnapping, de vol, de meurtre et de viol font rage en Haïti, un nouveau directeur est installé à la tête de la Police Nationale d’Haïti. Objectif : rétablir la paix et la sécurité dans tout le pays. Mais plus d’une dizaine de jours après son installation, le climat de sécurité d’Haïti s’empire.
La zone métropolitaine est réputée très dangereuse sur le plan sécuritaire ces derniers jours et ce, en dépit des changements qui se sont opérés au sein de l’institution policière. Il n’y a pas un seul jour sans qu’on ait un enlèvement ou un assassinat. Presque personne, quel que soit son secteur d’appartenance, n’est épargné. C’est partout la peur.
Monsieur Charles, le jour même de son installation, malgré sa fureur, n’avait pas pu empêcher l’enlèvement de deux ingénieurs dans la commune de Delmas au moment même ou il prêtait serment. Selon les informations, c’étaient des hommes vêtus de l’uniforme de l’Unité Départementale pour le Maintien d’Ordre (UDMO) qui avaient commis cet acte. Pas d’enquête connue, ni d’arrestation, ni même de mise en disponibilité. Tout va bon train, comme si de rien n’était.
Dans la soirée du 14 au 15 novembre 2020, la commune de Carrefour, entrée Sud de la Capitale haïtienne, avait connu un week-end de sang. En moins de 24 heures, 3 jeunes garçons ont été tués par balles par des hommes non identifiés. Jusqu’à présent, aucune arrestation n’est révélée suite à ces actes.
17 novembre 2020, Jimmy Telson, un élève de NSIII du Collège Méthodiste de Puits Blain, âgé de 17 ans, a été tué par balles à Delmas 75, Puits Blain alors qu’il rentrait chez lui. Selon les proches de la victime, cet acte serait l’œuvre d’un individu qui se trouvait à bord d’un autre véhicule. La thèse d’une tentative d’enlèvement a été également avancée par certains médias de la place.
18 novembre 2020, date marquant le 218ème anniversaire de la bataille de Vertières, l’opposition politique était dans les rues, pour manifester leur mécontentement contre l’insécurité, la misère et réclamer également le départ du Président de la République Jovenel Moïse. Pour empêcher le déroulement de cette manifestation, rappelons-le, d’une manière violente, la police a dispersé la foule au niveau de Delmas 48. Au cours de cette même journée de mobilisation, dans les parages du Champs-de-Mars, un militant a été tué d’une balle à la tête et deux autres, se retrouvant à bord d’une motocyclette, ont été fauchés de la façon la plus brutale par un backup de police. En guise de condamnation de ces actes, Léon Charles a félicité ses policiers.
Contre toute attente, vendredi 20 novembre 2020, le groupe « Fantom 509 » se trouvait dans les rues de la zone métropolitaine. À leur passage : environ une dizaine de véhicules ont été incendiés. La question qu’il faut se poser : où étaient passés le Directeur de la PNH et sa troupe ce jour-là? En tout cas, ces hommes qui se réclament du groupe « Fantom 509 » avaient toute leur liberté de manifester, malgré les actes de violence qu’ils ont posés.
À la rue Bonne Foi, lundi 23 novembre 2020, 4 jeunes garçons revenaient d’une activité nocturne ont été retrouvés morts. Selon les habitants de la zone, un groupe de policiers à bord d’un backup serait l’auteur de l’exécution de ces jeunes qui se trouvent encore dans les tiroirs des morgues de la Capitale haïtienne.
Vendredi 27 novembre 2020, des individus ont enlevé le docteur David Hans Télémaque, non loin de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) alors que ce dernier allait s’acheter de quoi manger. Des collègues médecins et des étudiants, quelques heures après, ont manifesté dans les rues de Port-au-Prince pour réclamer la libération du docteur. La police, encore sur le coup, a dispersé avec beaucoup de brutalité la manifestation de ces professionnels. Un des manifestant a été grièvement blessé à la mâchoire par une cartouche de gaz à bout portant.
Ce dimanche 29 novembre 2020, l’épouse de Dimitri Hérard, chef de sécurité Générale du Palais National (USGPN), Maritza Beaubrun a été enlevée à Port-au-Prince. Une somme d’un million de dollars américains serait exigée par les ravisseurs pour pouvoir relâcher la fille du Dr Gérard Evans Beaubrun.
L’arrivée de Léon Charles à la tête de la Police Nationale d’Haïti n’a pas pu faire peur aux hommes armés qui sèment la terreur dans le pays. Au contraire, en toute quiétude, de jour comme de nuit, ils commettent leurs forfaits. L’inefficacité du nouveau Directeur de la PNH à ramener la paix sur le territoire national se fait sentir petit à petit, alors que les fêtes de fin d’année s’approchent. Aux bavures policières, au lieu de sanctionner, monsieur Charles félicite ses poulains. Pour ses premiers jours à l’œuvre comme Directeur d’une institution policière fragilisée, l’ancien diplomate peine encore à donner des résultats. Le relent d’un échec cuisant mêlé d’une incapacité du nouveau DG de la PNH monte à plein nez.
Wilder SYLVAIN